Luz Casal se tient avec emphase dans le halo de lumière dessiné autour du pied de son micro muet. Elle a les cheveux longs moulés dans les épaules, sur lesquelles glisse un châle vaporeux à poils turquoises. Elle chante sitôt son corps posé sur la scène, dans le geste de ses bras nus remontés sur ses hanches, glissant dans ses reins, se suspendant au-dessus de sa tête ; ponctuation physique d’une voix qui se creuse dans des accents profonds qui s’allongent, glissant à côté des notes une phrase décalée de sa partition, comme pour signifier la préséance de sa voix sur les sons. Elle retient une grâce peu commune entre ses dents, une grâce qui se laisse dévisager les yeux fermés.
Moi qui ne connais pas la plupart des paroles ; mais les comprends souvent, j’ai eu un « Un ano di amor »définitif ; et j’ai pleuré.
Ce soir-là, grâce à Luz Casal, j’ai détrempé mon corps transi des métastases de ma séparation. Et, dans la gorge de ma chanteuse préférée… Je me suis séché.