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13 août 2006 7 13 /08 /août /2006 22:39

The Araz in me ?

En avril dernier, la jeune et jolie Araz Artinian et son documentaire, « The Genocide in me », se donnaient en spectacle dans trois centres culturels arméniens de Paris.

Araz entamait alors une tournée européenne remarquée dans le petit microcosme arménien après avoir écumé les MCA de Glendale, New York ou encore Montréal, sa ville natale, son complexe d’Oedipe arménien sous le bras.

Partant de la problématique « Pourquoi papa ne veut-il pas que je me mette avec un non arménien ? », elle filmait sa famille, son père intransigeant et franchouillard, et sa révolte formelle face au patriarche en larmes, avant d’entamer un retour aux sources en Arménie turque pour montrer que, niveau arménité, elle avait de qui tenir.

Ce documentaire en deux parties distinctes permettait au spectateur de ne retenir que sa part à soi ; les uns se reconnaissant dans la fille en rupture, alors que les autres ne se bornaient, dans la limite de leur compréhension, qu’à la partie « carnet de voyage du génocide ». Deux parties qui, malgré un savant montage de 3 ans, n’arrivent pas à se répondre correctement, comme s’ils ne traitaient pas du même thème.

Pourquoi donc la petite Araz , après avoir soutenu devant son père et la caméra qu’elle se marierait avec un canadien si elle le voulait, se mettait-elle à interviewer les derniers rescapés puis à visiter les ruines arméniennes de Turquie ? Pour se justifier face à son père de l’obsession qu’elle s’était inventée pour faire face à son obsession à lui…

Lorsqu’on se sent obligé de faire un documentaire pour démontrer à papa, à coup de témoignage et de voyage initiatique, qu’on est assez grande et capable pour porter seule la transmission à ses enfants pour que papa veuille bien laisser sa fille se marier avec un non arménien ; c’est aussi une faiblesse en soi. Car toute obsession est une faiblesse.

En un mot, j’ai trouvé ça gamin. Moi, le jeune arménien issu d’un couple mixte et arménophone, je n’ai de plus pas adhéré au thème, étant au-delà de sa problématique immature (un peu comme son fils à venir « qui aurait réussit » sic.).

 

Pourtant, ce docu est loin d’avoir été inutile pour tous : s’il n’a pas (dans un premier temps ?) permit à Araz de trouver un mari (elle a depuis vécu quelques mois avec un canadien avant de le larguer pour "inadéquation"), il a eu l’intérêt, majeur, de susciter le coming-out de nombreuses autres Araz qui, pour certaines en larmes, sont allées lui dire à l’issue des projections qu’elles étaient dans son même cas, révélant le portrait type de ces générations écartelées qui veulent à tout prix être, comme elle le dit en conclusion : « Arménienne(s) , oui, mais libre(s) » en réaction à des parents qui leur ont appris qu’être arménien, ce n’était pas être libre.

 

Le jour où tous ces gens-là seront aptes à considérer qu’être arménien en France ou au Canada rend deux fois plus libre que le fait d’être simplement français ou canadien, ce sera gagné…

Et c’est ce jour-là, enfin, qu’Araz n’aura alors plus « le génocide en elle », puisque c’est au génocide que son père et elle se sont enchaînés.

 

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commentaires

H
P.S. Elle est actuellement à Erevan, en train de vendre sa salade rance.Pour nos compatriotes de la Mère Patrie, elle représente la Diaspora...[Soupir]Dans sa dernière interview télévisée que j'ai vue avant de quitter, elle annonçait, en s'esclaffant grassement, que 30% (étrange, comme chiffre) des garçons d'Erevan veulent l'épouser... Et qu'elle a tout à fait horreur de préparer des repas; y compris, spécifiquement : ... laver et découper des concombres et des tomates.Là, par respect pour le blog de Dartag, je me retiens sérieusement, au niveau d'une vanne bien sentie avec la référence au  concombre...Haytoug Chamlian
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H
Pour en revenir - et en terminer - avec Araz, deux points seulement:<br /> a) la "liberté" en question n'a rien à voir avec ce qu'elle prétend; les besoins et envies d'Araz ne sont pas d'ordre matrimonial; elle revendique  une autre liberté totale, disons, de moeurs, dont les restrictions - habituelles et normales - ne sont pas seulement parentales, mais surtout sociales, et ne se limitent certainement pas au seul milieu arménien. Enfin, cela n'a quand même fichtrement rien à voir avec le Génocide! C’est une question de valeurs morales, qui existe dans de multiples autres sociétés. Et si c’est de cela qu’Araz veut parler, qu’elle ait le courage et l’honnêteté de le faire ouvertement, directement, sans camoufler son propos dans un sujet qu’on ne pet vraiment pas exploiter de la sorte.<br /> b) pour ce qui est des difficultés existentielles qu'elle prétend entretenir par rapport à son arménité, le fait est que le problème, c'est elle. L'enfer, ce n'est pas les autres. Et tant et aussi longtemps qu'il y aura des Araz - comme tu dis - parmi nous, le Génocide continuera.<br />  <br /> Araz, c'est le Génocide en nous.<br />  <br />  <br />  <br /> Haytoug Chamlian
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H
Ce qui me fait rire, mais vraiment rire, à gorge déployée, c'est d'entendre que Vrej-Armen (le papa) serait un "nationaliste" ! Le type est une référence de modération, dans les milieux concernés... C'est un véritable agneau. Exaspérant, à force de douceur, de tout-marche(anything goes), de sens total du consensus et de l’équilibre. Ce film d'Araz, c'est simplement une crise d'adolescence non seulement très tardive, mais surtout feinte. Car Araz et sa soeur Lori ont grandi en toute liberté, à tous égards, tant dans leur famille que dans la communauté. Pour un film que se veut auto-biographique, on nage en pleine fiction. Pas étonnant que ça ne soit passablement intéressant que là où on ne connaît pas Araz, ni son père, ni le milieu dans lequel il a grandi et a été éduqué. Et justement, c'est ça, l'habileté d'Araz. Les thèmes qu'elle évoque ne la concernent pas, mais elle fait semblant d'en être affectée, pour donner plus de poids, une touche intime très marketing, à son film. Car elle sait que beaucoup d’âmes errantes vont s'y reconnaître, alors, ça lui assure un certain public. Par ailleurs, en jouant sur cette note du "profond questionnement intérieur", elle espère attirer l'attention des non-Arméniens sur son travail et sur carrière. (J'ai pas dit qu'elle n'est pas intelligente, vous remarquerez...) Quant au point particulier concernant les relations, disons, hum, sentimentales, il vaut mieux que je me retienne de dire quel pourrait être le problème d'Araz… Le Génocide a déjà servi à pas mal tout, pour toutes sortes de gens. Chacun l’exploite à sa guise. Alors, pourquoi ne servirait-il pas aussi de prétexte pour un étrange règlement de comptes fille-père, sur fond de problèmes de cul tout à fait existentiels... (Dans cette perspective, en effet, le titre du documentaire prend une dimension profondément évocatrice...) Ce docul est une honte. Par contre, j'applaudis le documentaire précédent d'Araz, sur le Tremblement de Terre, ainsi que cet accomplissement significatif: http://www.twentyvoices.com/ Haytoug Chamlian
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H
Ce docul (non, c'est pas une faute de frappe...) est, ultimement,  une désagréable nullité.Araz est en effet libre de déconner à sa guise.Mais elle n'a pas le droit, pour ce faire, d'exploiter le sujet du Génocide.Haytoug Chamlian
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