The Araz in me ?
En avril dernier, la jeune et jolie Araz Artinian et son documentaire, « The Genocide in me », se donnaient en spectacle dans trois centres culturels arméniens de Paris.
Araz entamait alors une tournée européenne remarquée dans le petit microcosme arménien après avoir écumé les MCA de Glendale, New York ou encore Montréal, sa ville natale, son complexe d’Oedipe arménien sous le bras.
Partant de la problématique « Pourquoi papa ne veut-il pas que je me mette avec un non arménien ? », elle filmait sa famille, son père intransigeant et franchouillard, et sa révolte formelle face au patriarche en larmes, avant d’entamer un retour aux sources en Arménie turque pour montrer que, niveau arménité, elle avait de qui tenir. Ce documentaire en deux parties distinctes permettait au spectateur de ne retenir que sa part à soi ; les uns se reconnaissant dans la fille en rupture, alors que les autres ne se bornaient, dans la limite de leur compréhension, qu’à la partie « carnet de voyage du génocide ». Deux parties qui, malgré un savant montage de 3 ans, n’arrivent pas à se répondre correctement, comme s’ils ne traitaient pas du même thème. Pourquoi donc Lorsqu’on se sent obligé de faire un documentaire pour démontrer à papa, à coup de témoignage et de voyage initiatique, qu’on est assez grande et capable pour porter seule la transmission à ses enfants pour que papa veuille bien laisser sa fille se marier avec un non arménien ; c’est aussi une faiblesse en soi. Car toute obsession est une faiblesse. En un mot, j’ai trouvé ça gamin. Moi, le jeune arménien issu d’un couple mixte et arménophone, je n’ai de plus pas adhéré au thème, étant au-delà de sa problématique immature (un peu comme son fils à venir « qui aurait réussit » sic.). Pourtant, ce docu est loin d’avoir été inutile pour tous : s’il n’a pas (dans un premier temps ?) permit à Araz de trouver un mari (elle a depuis vécu quelques mois avec un canadien avant de le larguer pour "inadéquation"), il a eu l’intérêt, majeur, de susciter le coming-out de nombreuses autres Araz qui, pour certaines en larmes, sont allées lui dire à l’issue des projections qu’elles étaient dans son même cas, révélant le portrait type de ces générations écartelées qui veulent à tout prix être, comme elle le dit en conclusion : « Arménienne(s) , oui, mais libre(s) » en réaction à des parents qui leur ont appris qu’être arménien, ce n’était pas être libre. Le jour où tous ces gens-là seront aptes à considérer qu’être arménien en France ou au Canada rend deux fois plus libre que le fait d’être simplement français ou canadien, ce sera gagné… Et c’est ce jour-là, enfin, qu’Araz n’aura alors plus « le génocide en elle », puisque c’est au génocide que son père et elle se sont enchaînés.