L’offensive négationniste turque se voulait à la hauteur de la volonté politique d’Ankara d’étouffer le problème arménien dans le contexte de conciliation de plus en plus pressant des négociations à venir, pour ne pas à avoir à composer avec l’Histoire.
A Berlin, l’Opération Talaat (dont nous avons longuement couvert les préparatifs dispendieux les mois précédents) initiée par des personnalités venues de tout le prisme politique turc, dont l’ex-président de Chypre Occupée Rauf Denktas (à ce propos, allez voir l’intro ahurissante de son site www.rrdenktas.com) exhortait tous les turcs à prendre leur drapeau et à monter sur Berlin. Des avions furent affrétés depuis Ankara pour remplir les rues de la capitale allemande et atteindre les 20.000 personnes promises. Il n’y en eut finalement que 2000. A Lyon, où un mémorial devrait être inauguré le 24 avril prochain, les turcs comptaient faire masse et le consul himself inaugura les hostilités contre l’Histoire en qualifiant le génocide de mensonge. Les manifestants, eux, arboraient fièrement une forêt de drapeaux turcs et joignaient leurs doigts en signe de ralliement aux Loups Gris. Ces deux manifestations avaient pour objectif de démontrer que le poids politique des turcs était aussi conséquent que leur poids démographique dans les deux pays les plus puissants d’Europe, intimant celle-ci de ne plus s’occuper du problème du « prétendu génocide ». Or c’est tout le contraire qui s’est depuis produit : les turcs de Lyon eurent à composer avec des opposants étonnants, les jeunes étudiants anti-CPE de retour de manif qui, avec le concours des passants et de 5-6 arméniens du Nor Seround venus prendre des photos, improvisèrent une contre manifestation, les traitant de « fascistes » et de « négationnistes », sous les cris de « nous sommes tous des arméniens ». Le préfet, qui avait autorisé la manifestation et se retrouva par la suite sous les feux des critiques de tous bords, promit en conséquence d’interdire toute autre manifestation turque sur la question; et les élus se sentirent obligés, par réflexe républicain, de réitérer leur opposition à tout abandon du projet du mémorial. L’affaire alla même jusqu’à l’assemblée nationale, où une question au gouvernement y fut consacrée. Et pendant ce temps là, de l’autre côté du Bosphore, à encore nombre d’années d’une Europe tant espérée, le ministre des affaires étrangères turc, débordé sur ses flancs, a depuis appelé les turcs d’Europe à plus de prudence et de discernement... En attendant le jour où ils pourront fièrement parader dans le pays le puissant d’Europe : le leur. [publié dans la revue de presse CHEKHTA n°9 du 20 au 25 mars 2006] Heurts entre manifestants turcs et anti-CPE à Lyon LYON (Reuters) - Des affrontements ont opposé dans les rues de Lyon des manifestants turcs à quelques centaines de jeunes militants anti-CPE où figuraient des membres de la communauté arménienne. Les Turcs, venus au nombre de 2.500 des départements de "Fascistes", "négationnistes", "rentrez chez vous", " Nous sommes tous des arméniens" ont lancé les manifestants anti-CPE dans les rangs desquels on comptait nombre d'Arméniens. La présence des forces de l'ordre et de cordons de CRS n'a pu empêcher des affrontements entre les deux camps à coups de poing et à l'aide de projectiles divers. La police a fait usage de lances à eau pour les disperser. Dépêche Reuters du 19 mars 2006 publiée par http://fr.news.yahoo.com